PascalBérubé dénonce la CAQ. Du personnel politique dans la campagne électorale. Pascal Bérubé. (Photo courtoisie) Par Pierre Michaud 22.08.2022 17:00. Le député sortant de Matane-Matapédia et candidat du Parti Québécois dans cette circonscription, Pascal Bérubé, estime avoir de bonnes raisons de croire que le parti au pouvoir
Quest-ce que le moi ? Un homme qui se met Ă la fenĂȘtre pour voir les passants, si je passe par lĂ , puis-je dire qu'il s'est mis lĂ pour me voir ? Non : car il ne pense pas Ă moi en particulier. Mais celui qui aime quelqu'un Ă cause de sa beautĂ©, l'aime-t-il ? Non : car la petite vĂ©role, qui tuera la beautĂ© sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus. Et si on m'aime pour mon
PascalAgadir. пДŃĐ”ĐčŃĐž Đș ŃŃŃĐ°ĐœĐžŃĐ” . ĐапОŃĐž Pascal ĐŃĐ” запОŃĐž ĐĐŸĐžŃĐș запОŃĐ”Đč ĐапОŃŃ ĐœĐ° ŃŃĐ”ĐœĐ”. Pascal Agadir запОŃŃ Đ·Đ°ĐșŃĐ”ĐżĐ»Đ”ĐœĐ°. ĐŒĐžĐœŃŃŃ ĐœĐ°Đ·Đ°ĐŽ. ĐĐŸĐ¶Đ°Đ»ĐŸĐČаŃŃŃŃ. Boycott !!!. Croc-Blanc Loup-Cruel. ŃĐ”ĐłĐŸĐŽĐœŃ ĐČ 14:30. Ivar Sigurdson @ivarsigurdson·13h Moi, je
Pascalne trouve pas de réponse, sinon que le moi est ce qui fait la particularité chez un individu et qu'il demeure insaisissable. C'est ce caractÚre inaccessible du moi qui fait dire à Pascal que l'amour véritable est impossible : on ne peut saisir le moi, on ne peut donc aimer le moi. L'amour existe certes, mais ce que l'on aime, ce
Maquestion: est ce que mon voisin le propriétaire peut mù obliger à le déplacer? « Le moi] est le grand absent des Essais, qui semblent ne parler que de lui, et ce paradoxe suffirait presque à le définir. Moi, tous les gens de ma famille sont pomiculteurs. Explication de texte commentée : Pascal, Qu'est-ce que le moi ? Pascal, Pensées, « ù Š C'est par croire que les hommes sont
Letitre du film de Jean-Pascal Zadi et John Wax, au cinĂ©ma le 8 juillet, nâest pas juste un hommage au groupe de hip-hop parisien du
PAHIY5. 03 Sep By LinkedIn, Marketing de contenu, Marketing digital, Marketing personnel Pour conquĂ©rir de nouveaux marchĂ©s, pour lever des fonds, ou encore pour convaincre ses banquiers, le marketing personnel du dirigeant est devenu essentiel dans les entreprises. 1 Le concept de lâIle au TrĂ©sor Imaginez quâil existe une Ile au TrĂ©sor. Sa position sur la carte est incertaine. Par ailleurs lâIle est entourĂ©e de rĂ©cifs. Pour toutes ces raisons lâIle nâa pas encore Ă©tĂ© dĂ©couverte. Si vous nâĂȘtes pas navigateur mais que vous cherchez lâIle au TrĂ©sor, il va vous falloir trouver un capitaine capable de trouver la position exacte de lâIle dâidentifier les rĂ©cifs qui empĂȘchent dâaccĂ©der Ă lâIle Si vous trouvez ce capitaine, vous lui ferez confiance pour vous conduire sur lâIle. Quâest ce lâIle au TrĂ©sor? LâIle au TrĂ©sor peut ĂȘtre Une idĂ©e de business La crĂ©ation dâune sociĂ©tĂ© Ă lâĂ©tranger Une fusion-acquisition Le dĂ©veloppement dâune technologie nouvelle Le dĂ©ploiement dâune solution LâIle au TrĂ©sor est finalement tout futur projet dâentreprise rĂ©ussi. Que sont les rĂ©cifs? Les rĂ©cifs sont lâensemble des obstacles Ă venir qui sâopposent Ă la rĂ©alisation de ce projet dâentreprise. Ils peuvent faire couler le bateau comme le Titanic. Il est donc critique dâen avoir une bonne vision pour pouvoir les anticiper. Qui est le capitaine? Vous ĂȘtes capitaine si vous ĂȘtes dans lâune de ces situations Vous cherchez Ă vendre un projet Ă des investisseurs ⊠Vous cherchez Ă vendre une solution, un service, un produit Ă des clients ⊠Vous cherchez Ă vendre votre savoir-faire Ă un chef dâentreprise, Ă un dĂ©cideur⊠La question que se posent vos interlocuteurs est la suivante Etes vous le bon capitaine? 2 Le marketing personnel en rĂ©sumĂ© Le marketing personnel est lâart de dĂ©montrer que vous ĂȘtes le bon capitaine pour les projets que vous souhaitez vendre. Il se dĂ©cline en 4 axes. Axe 1 Montrer que vous avez lâexpĂ©rience nĂ©cessaire pour rĂ©aliser le projet Votre profil LinkedIn, votre blog, ou encore votre CV, sont une relecture de votre histoire pour montrer que vous ĂȘtes nĂ© pour faire le job ». Axe 2 Montrer que vous ĂȘtes porteur dâune vision du futur Votre marketing personnel nous fait partager une analyse de lâavenir dans laquelle le projet que vous portez sâinscrit. De cette analyse dĂ©coule un rĂȘve, une ambition, un projet, dans lequel vous ĂȘtes engagĂ© et que vous souhaitez partager. Cette vision du futur doit ĂȘtre claire ambitieuse fondĂ©e sur votre expĂ©rience Axe 3 Montrer que vous avez anticipĂ© les obstacles au succĂšs du projet Vos contributions sur votre blog, vos articles, vos posts sur LinkedIn doivent montrer que vous avez identifiĂ© le contexte du projet les enjeux associĂ©s les obstacles qui sâopposent Ă la rĂ©ussite du projet Axe 4 Montrer que vous ĂȘtes un professionnel Etre professionnel, câest ne rien laisser au hasard. Chaque dĂ©tail de vos supports de prĂ©sentation compte photo personnelle profil LinkedIn VidĂ©os Articles 3 Comment prospecter grĂące au Marketing personnel La vente est ici prise au sens large. Il sâagit aussi bien de lever de fonds de produits, de service, de conseils de projets Quelque soit la mĂ©thode de vente, elle se concrĂ©tise par un contrat entre un vendeur et un acheteur. Comment vendre une centrale nuclĂ©aire? Un jour je discutais avec lâun de mes anciens collĂšgues du Commissariat Ă lâEnergie Atomique CEA au sujet des coopĂ©rations scientifiques et techniques Ă lâinternational dont il avait la responsabilitĂ©. Je lui posais cette question Pourquoi le CEA finance t-il la formation dâingĂ©nieurs Ă©trangers en France?». Il mâa rĂ©pondu que si nous voulions vendre des centrales nuclĂ©aires Ă un pays il fallait former des ingĂ©nieurs de ce pays pour quâils voient les mĂȘmes rĂ©cifs que nous. Une fois quâils verront les mĂȘmes problĂšmes techniques que nous, alors nos solutions leur apparaitront comme les meilleures. Acheteur-vendeur Avoir la mĂȘme vision des problĂšmes Ă rĂ©soudre La plupart des ventes Ă©chouent en premier lieu parce que le vendeur et lâacheteur nâont pas la mĂȘme vision des problĂšmes Ă rĂ©soudre. Pour reprendre lâimage de lâIle au TrĂ©sor, cela ne sert Ă rien dâessayer de vendre une route vers lâIleâŠsi on ne partage pas la mĂȘme vision sur les rĂ©cifs car la route dĂ©pendra dâeux. Le Marketing personnel au service de la vente Comme professionnel, ou comme expert, les contributions que vous publiez sur votre blog ou votre profil LinkedIn ont pour but de poser les bonnes questions identifier les vrais enjeux rĂ©vĂ©ler les obstacles Ă franchir Le but du marketing personnel est dâĂ©duquer vos contacts sur les problĂšmes Ă rĂ©soudre et non de prĂ©senter des solutions. Votre expertise ne doit pas ĂȘtre discutable Votre marketing personnel doit donc renforcer votre image de professionnel sâappuyer sur des publications qui dĂ©montrent votre expertise Dites moi les questions que vous allez poser et je vous dirai si vous ĂȘtes un neophyte ou un expert sur le sujet. 4 Pour aller plus loin Le Marketing personnel, comme tous les marketings, est fortement dĂ©pendant de la culture dans laquelle on souhaite travailler. En Asie, en Europe, aux Middle-East, ou en encore aux Etats-Unis, la Japon, les codes et les attendus ne sont pas les mĂȘmes. La lĂ©gitimitĂ© sur un problĂšme ne se dĂ©montre pas de la mĂȘme façon. Pr. Pascal Faucon Dirigeants Pourquoi votre marketing personnel est stratĂ©gique? Pascal Faucon â CEO Quâest ce que le marketing personnel? Me contacter Cliquer ici
Premier discours. Pour entrer dans la vĂ©ritable connaissance de votre condition, considĂ©rez-la dans cette image. Un homme est jetĂ© par la tempĂȘte dans une Ăźle inconnue dont les habitants Ă©taient en peine de trouver leur roi qui sâĂ©tait perdu, et ayant beaucoup de ressemblance de corps et de visage avec ce roi, il est pris pour lui, et reconnu en cette qualitĂ© par tout ce peuple. Dâabord il ne savait quel parti prendre; mais il se rĂ©solut enfin de se prĂȘter Ă sa bonne fortune. Il reçut tous les respects quâon lui voulut rendre, et il se laissa traiter de roi. Mais comme il ne pouvait oublier sa condition naturelle, il songeait, en mĂȘme temps quâil recevait ces respects, quâil nâĂ©tait pas ce roi que ce peuple cherchait, et que ce royaume ne lui appartenait pas. Ainsi il avait une double pensĂ©e, lâune par laquelle il agissait en roi, lâautre par laquelle il reconnaissait son Ă©tat vĂ©ritable et que ce nâĂ©tait que le hasard qui lâavait mis en la place oĂč il Ă©tait. Il cachait cette derniĂšre pensĂ©e, et il dĂ©couvrait lautre. CâĂ©tait par la premiĂšre quâil traitait avec le peuple, et par la derniĂšre quâil traitait avec soi-mĂȘme. Ne vous imaginez pas que ce soit par un moindre hasard que vous possĂ©dez les richesses dont vous vous trouvez maĂźtre, que celui par lequel cet homme se trouvait roi. Vous nây avez aucun droit de vous-mĂȘme et par votre nature non plus que lui et non seulement vous ne vous trouvez fils dâun duc, mais vous ne vous trouvez au monde que par une infinitĂ© de hasards. Votre naissance dĂ©pend dâun mariage, ou plutĂŽt de tous les mariages de ceux dont vous descendez. Mais ces mariages, dâoĂč dĂ©pendent-ils? Dâune visite faite par rencontre, dâun discours en lâair, de mille occasions imprĂ©vues. Vous tenez, dites-vous, vos richesses de vos ancĂȘtres; mais nâest-ce pas par mille hasards que vos ancĂȘtres les ont acquises et quâils les ont conservĂ©es? Vous imaginez-vous aussi que ce soit par quelque loi naturelle que ces biens ont passĂ© de vos ancĂȘtres Ă vous? Cela nâest pas vĂ©ritable. Cet ordre nâest fondĂ© que sur la seule volontĂ© des lĂ©gislateurs qui ont pu avoir de bonnes raisons, mais dont aucune nâest prise dâun droit naturel que vous avez sur ces choses. Sâil leur avait plu dâordonner que ces biens, aprĂšs avoir Ă©tĂ© possĂ©dĂ©s par les pĂšres durant leur vie, retourneraient Ă la rĂ©publique aprĂšs leur mort, vous nâauriez aucun sujet de vous en plaindre. Ainsi tout le titre par lequel vous possĂ©dez votre bien nâest pas un titre de nature, mais dâun Ă©tablissement humain. Un autre tour dâimagination dans ceux qui ont fait les lois vous aurait rendu pauvre; et ce nâest que cette rencontre du hasard qui vous a fait naĂźtre avec la fantaisie des lois favorable Ă votre Ă©gard qui vous met en possession de tous ces biens. Je ne veux pas dire quâils ne vous appartiennent pas lĂ©gitimement, et quâil soit permis Ă un autre de vous les ravir; car Dieu, qui en est le maĂźtre, a permis aux sociĂ©tĂ©s de faire des lois pour les partager; et quand ces lois sont une fois Ă©tablies, il est injuste de les violer. Câest ce qui vous distingue un peu de cet homme qui ne possĂ©derait son royaume que par lâerreur du peuple; parce que Dieu nâautoriserait pas cette possession, et lâobligerait Ă y renoncer, au lieu quâil autorise la vĂŽtre. Mais ce qui vous est entiĂšrement commun avec lui, câest que ce droit que vous y avez nâest point fondĂ©, non plus que le sien, sur quelque qualitĂ© et sur quelque mĂ©rite qui soit en vous et qui vous en rende digne. Votre Ăąme et votre corps sont dâeux-mĂȘmes indiffĂ©rents Ă lâĂ©tat de batelier ou Ă celui de duc; et il nây a nul lien naturel qui les attache Ă une condition plutĂŽt quâĂ une autre. Que sâensuit-il de lĂ ? Que vous devez avoir, comme cet homme dont nous avons parlĂ©, une double pensĂ©e ; et que si vous agissez extĂ©rieurement avec les hommes selon votre rang, vous devez reconnaĂźtre, par une pensĂ©e plus cachĂ©e mais plus vĂ©ritable, que vous nâavez rien naturellement au- dessus dâeux. Si la pensĂ©e publique vous Ă©lĂšve au-dessus du commun des hommes, que lâautre vous abaisse et vous tienne dans une parfaite Ă©galitĂ© avec tous les hommes; car câest votre Ă©tat naturel. Le peuple qui vous admire ne connaĂźt pas peut-ĂȘtre ce secret. Il croit que la noblesse est une grandeur rĂ©elle, et il considĂšre presque les Grands comme Ă©tant dâune autre nature que les autres. Ne leur dĂ©couvrez pas cette erreur, si vous voulez, mais nâabusez pas de cette Ă©lĂ©vation avec insolence, et surtout ne vous mĂ©connaissez pas vous-mĂȘme, en croyant que votre ĂȘtre a quelque chose de plus Ă©levĂ© que celui des autres. Que diriez-vous de cet homme qui aurait Ă©tĂ© fait roi par lâerreur du peuple, sâil venait Ă oublier tellement sa condition naturelle quâil sâimaginĂąt que ce royaume lui Ă©tait dĂ», quâil le mĂ©ritait et quâil lui appartenait de droit? Vous admireriez* sa sottise et sa folie. Mais y en a-t-il moins dans les personnes de condition qui vivent dans un si Ă©trange oubli de leur Ă©tat naturel? Que cet avis est important! Car tous les emportements, toute la violence, et toute la vanitĂ© des Grands, vient de ce quâils ne connaissent point ce quâils sont Ă©tant difficile que ceux qui se regarderaient intĂ©rieurement comme Ă©gaux Ă tous les hommes, et qui seraient bien persuadĂ©s quâils nâont rien en eux qui mĂ©rite ces petits avantages que Dieu leur a donnĂ©s au-dessus des autres, les traitassent avec insolence. Il faut sâoublier soi-mĂȘme pour cela, et croire quâon a quelque excellence rĂ©elle au-dessus dâeux; en quoi consiste cette illusion, que je tĂąche de vous dĂ©couvrir. » * Il faut comprendre vous vous Ă©tonneriez.» DeuxiĂšme discours. Il est bon, Monsieur, que vous sachiez ce que lâon vous doit, afin que vous ne prĂ©tendiez pas exiger des hommes ce qui ne vous est pas dĂ», car câest une injustice visible et cependant elle est fort commune Ă ceux de votre condition, parce quâils en ignorent la nature. Il y a dans le monde deux sortes de grandeurs; car il y a des grandeurs dâĂ©tablissement, et des grandeurs naturelles. Les grandeurs dâĂ©tablissement dĂ©pendent de la volontĂ© des hommes, qui ont cru avec raison devoir honorer certains Ă©tats, et y attacher certains respects. Les dignitĂ©s et la noblesse sont de ce genre. En un pays on honore les nobles, en lâautre les roturiers; en celui-ci les aĂźnĂ©s, en cet autre les cadets. Pourquoi cela? Parce quâil a plu aux hommes. La chose Ă©tait indiffĂ©rente avant lâĂ©tablissement aprĂšs lâĂ©tablissement, elle devient juste, parce quâil est injuste de troubler. Les grandeurs naturelles sont celles qui sont indĂ©pendantes de la fantaisie des hommes, parce quâelles consistent dans des qualitĂ©s rĂ©elles et effectives de lâĂąme ou du corps, qui rendent lâun ou lâautre plus estimable, comme les sciences, la lumiĂšre de lâesprit, la vertu, la santĂ©, la force. Nous devons quelque chose Ă lâune et Ă lâautre de ces grandeurs; mais comme elles sont dâune nature diffĂ©rente, nous leur devons aussi diffĂ©rents respects. Aux grandeurs dâĂ©tablissement, nous leur devons des respects dâĂ©tablissement, câest-Ă -dire certaines cĂ©rĂ©monies extĂ©rieures qui doivent ĂȘtre nĂ©anmoins accompagnĂ©es, selon la raison, dâune reconnaissance intĂ©rieure de la justice de cet ordre, mais qui ne nous font pas concevoir quelque qualitĂ© rĂ©elle en ceux que nous honorons de cette sorte il faut parler aux rois Ă genoux; il faut se tenir debout dans la chambre des princes. Câest une sottise et une bassesse dâesprit que de leur refuser ces devoirs. Mais pour les respects naturels, qui consistent dans lâestime, nous ne les devons quâaux grandeurs naturelles, et nous devons au contraire le mĂ©pris et lâaversion aux qualitĂ©s contraires Ă ces grandeurs naturelles. Il nâest pas nĂ©cessaire, parce que vous ĂȘtes duc, que je vous estime, mais il est nĂ©cessaire que je vous salue. Si vous ĂȘtes duc et honnĂȘte homme, je rendrai ce que je dois Ă lâune et Ă lâautre de ces qualitĂ©s. Je ne vous refuserai point les cĂ©rĂ©monies que mĂ©rite votre qualitĂ© de duc, ni lâestime que mĂ©rite celle dâhonnĂȘte homme. Mais si vous Ă©tiez duc sans ĂȘtre honnĂȘte homme, je vous ferais encore justice; car en vous rendant les devoirs extĂ©rieurs que lâordre des hommes a attachĂ©s Ă votre naissance, je ne manquerais pas dâavoir pour vous le mĂ©pris intĂ©rieur que mĂ©riterait la bassesse de votre esprit. VoilĂ en quoi consiste la justice de ces devoirs. Et lâinjustice consiste Ă attacher les respects naturels aux grandeurs dâĂ©tablissement, ou Ă exiger les respects dâĂ©tablissement pour les grandeurs naturelles. M. N*** est un plus grand gĂ©omĂštre que moi; en cette qualitĂ© il veut passer devant moi? je lui dirai quâil nây entend rien. La gĂ©omĂ©trie est une grandeur naturelle, elle demande une prĂ©fĂ©rence dâestime, les hommes nây ont attachĂ© aucune prĂ©fĂ©rence extĂ©rieure. Je passerai donc devant lui, et lâestimerai plus que moi en qualitĂ© de gĂ©omĂštre. De mĂȘme si, Ă©tant duc et pair, vous ne vous contentez pas que je me tienne dĂ©couvert devant vous, et que vous voulussiez encore que je vous estimasse, je vous prierais de me montrer les qualitĂ©s qui mĂ©ritent mon estime. Si vous le faisiez, elle vous est acquise, et je ne vous la pourrais refuser avec justice; mais si vous ne le faisiez pas, vous seriez injuste de me la demander, et assurĂ©ment vous nây rĂ©ussiriez pas, fussiez-vous le plus grand prince du monde. » TroisiĂšme discours. Je veux vous faire connaĂźtre, Monsieur, votre condition vĂ©ritable, car câest la chose du monde que les personnes de votre sorte ignorent le plus. Quâest-ce Ă votre avis dâĂȘtre grand seigneur? Câest ĂȘtre maĂźtre de plusieurs objets de la concupiscence des hommes, et ainsi pouvoir satisfaire aux besoins et aux dĂ©sirs de plusieurs. Ce sont ces besoins et ces dĂ©sirs qui les attirent auprĂšs de vous, et qui font quâils se soumettent Ă vous; sans cela ils ne vous regarderaient pas seulement; mais ils espĂšrent, par ces services et ces dĂ©fĂ©rences quâils vous rendent, obtenir de vous quelque part de ces biens quâils dĂ©sirent et dont ils voient que vous disposez. Dieu est environnĂ© de gens pleins de charitĂ©, qui lui demandent les biens de la charitĂ© qui sont en sa puissance ainsi il est proprement le roi de la charitĂ©. Vous ĂȘtes de mĂȘme environnĂ© dâun petit nombre de personnes, sur qui vous rĂ©gnez en votre maniĂšre. Ces gens sont pleins de concupiscence. Ils vous demandent les biens de la concupiscence. Câest la concupiscence qui les attache Ă vous. Vous ĂȘtes donc proprement un roi de concupiscence, votre royaume est de peu dâĂ©tendue, mais vous ĂȘtes Ă©gal en cela aux plus grands rois de la terre. Ils sont comme vous des rois de concupiscence. Câest la concupiscence qui fait leur force, câest-Ă -dire la possession des choses que la cupiditĂ© des hommes dĂ©sire. Mais en connaissant votre condition naturelle, usez des moyens quâelle vous donne; et ne prĂ©tendez pas rĂ©gner par une autre voie que par celle qui vous fait roi. Ce nâest point votre force et votre puissance naturelle qui vous assujettit toutes ces personnes. Ne prĂ©tendez donc point les dominer par la force, ni les traiter avec duretĂ©. Contentez leurs justes dĂ©sirs, soulagez leurs nĂ©cessitĂ©s, mettez votre plaisir Ă ĂȘtre bienfaisant, avancez-les autant que vous le pourrez, et vous agirez en vrai roi de concupiscence. Ce que je vous dis ne va pas bien loin; et si vous en demeurez lĂ , vous ne laisserez pas de vous perdre, mais au moins vous vous perdrez en honnĂȘte homme. Il y a des gens qui se damnent si sottement par lâavarice, par la brutalitĂ©, par les dĂ©bauches, par la violence, par les emportements, par les blasphĂšmes! Le moyen que je vous ouvre est sans doute plus honnĂȘte; mais en vĂ©ritĂ© câest toujours une grande folie que de se damner. Et câest pourquoi il nâen faut pas demeurer lĂ . Il faut mĂ©priser la concupiscence et son royaume, et aspirer Ă ce royaume de charitĂ© oĂč tous les sujets ne respirent que la charitĂ© et ne dĂ©sirent que les biens de la charitĂ©. Dâautres que moi vous en diront le chemin; il me suffit de vous avoir dĂ©tournĂ© de ces vies brutales oĂč je vois que plusieurs personnes de votre condition se laissent emporter faute de bien connaĂźtre lâĂ©tat vĂ©ritable de cette condition. » . Commentaire. PrĂ©sentation du texte. Lâopuscule Trois discours sur la condition des grands nâest pas Ă©crit par Pascal. Il est le rĂ©cit que Nicole Auteur des Essais de morale. JansĂ©niste de renom donna, dix ans aprĂšs la mort de Pascal, des conversations que le philosophe eut sur ce thĂšme aux alentours de 1660. Dans la prĂ©face qui prĂ©cĂšde le texte, Nicole Ă©crit Une des choses sur lesquelles feu M. Pascal avait plus de vues Ă©tait lâinstruction dâun prince que lâon tĂącherait dâĂ©lever de la maniĂšre la plus proportionnĂ©e Ă lâĂ©tat oĂč Dieu lâappelle, et la plus propre pour le rendre capable dâen remplir tous les devoirs et dâen Ă©viter tous les dangers. On lui a souvent ouĂŻ dire quâil nây avait rien Ă quoi il dĂ©sirĂąt plus de contribuer pourvu quâil y fĂ»t bien engagĂ©, et quâil sacrifierait volontiers sa vie pour une chose si importante. Et comme il avait accoutumĂ© dâĂ©crire les pensĂ©es qui lui venaient sur les sujets dont il avait lâesprit occupĂ©, ceux qui lâont connu se sont Ă©tonnĂ©s de nâavoir rien trouvĂ© dans celles qui sont restĂ©es de lui, qui regardĂąt expressĂ©ment cette matiĂšre quoique lâon puisse dire en un sens quâelles la regardent toutes, nây ayant guĂšre de livres qui puissent plus servir Ă former lâesprit dâun prince que le recueil que lâon en a fait. Il faut donc ou que ce quâil a Ă©crit de cette matiĂšre ait Ă©tĂ© perdu, ou quâayant ces pensĂ©es extrĂȘmement prĂ©sentes, il ait nĂ©gligĂ© de les Ă©crire Et comme par lâune et lâautre cause le public sâen trouve Ă©galement privĂ©, il est venu dans lâesprit dâune personne, qui a assistĂ© Ă trois discours assez courts quâil fit en divers temps Ă un enfant de grande condition et dont lâesprit, qui Ă©tait extrĂȘmement avancĂ©, Ă©tait dĂ©jĂ capable des vĂ©ritĂ©s les plus fortes, dâĂ©crire neuf ou dix ans aprĂšs ce quâil en a retenu. Or, quoique aprĂšs un si long temps il ne puisse pas dire que ce soient les propres paroles dont M. Pascal se servit alors, nĂ©anmoins tout ce quâil disait faisait une impression si vive sur lâesprit, quâil nâĂ©tait pas possible de lâoublier. Et ainsi il peut assurer que ce sont au moins ses pensĂ©es et ses sentiments⊠» Quel est le jeune prince auquel il sâadresse ? On pense quâil sâagit du fils aĂźnĂ© du duc de Luynes, pour qui Nicole et Arnauld Ă©crivirent, en 1662, La logique de Port-Royal. Le duc de Luynes son pĂšre nâavait pas moins dâespritâŠ, ni moins dâapplication et de savoir. Il sâĂ©tait liĂ©, par le voisinage de Dampierre, avec les solitaires de Port-Royal-des-Champs, et aprĂšs la mort de sa premiĂšre femme, mĂšre du duc de Chevreuse, sây Ă©tait retirĂ© avec eux ; il avait pris part Ă leur pĂ©nitence et Ă quelques-uns de leurs ouvrages, et il les pria de prendre soin de lâinstruction de son fils⊠Ces messieurs y mirent tous leurs soins par attachement pour le pĂšre, et par celui que leur donna pour leur Ă©lĂšve le fonds de douceur, de sagesse et de talents quâils y trouvĂšrent Ă cultiver. » Saint Simon citĂ© par Havet et repris dans lâĂ©dition des PensĂ©es et Opuscules par Brunschvicg. Le jeune prince Ă©pousa la fille aĂźnĂ©e de Colbert et prit le nom de duc de Chevreuse ; il devĂźnt Ă la fin du rĂšgne de Louis XIV, lâun des chefs du parti qui se forma autour du duc de Bourgogne et de FĂ©nelon, et qui rĂȘvait de la rĂ©forme du gouvernement en France. Il mourut en 1712. Questions portant sur le premier discours 1 Quel est le thĂšme de ce premier discours ? 2 Quel est le sens de la parabole qui ouvre le texte ? 3 Que signifie lâexpression il avait une double pensĂ©e » ? 4 Quâest-ce qui fonde lâordre social ? Expliquez la phrase Cet ordre nâest fondĂ© que sur la seule volontĂ© des lĂ©gislateurs qui ont pu avoir de bonnes raisons, mais dont aucune nâest prise dâun droit naturel que vous avez sur ces choses ». 5 Ce fondement est-il de nature Ă disqualifier les ordres Ă©tablis pour Pascal ? Quâest-ce donc qui distingue le futur duc de Chevreuse de lâhomme de la parabole ? 6 Est-il souhaitable que le peuple ait cette intelligence de la nature de lâordre politique ? Pourquoi ? 7 Quelle prescription morale Pascal tire-t-il de sa parabole? NB Pour rĂ©pondre avec prĂ©cision Ă ces questions aidez-vous du remarquable commentaire de Katia Genel dans Blaise Pascal, Trois discours sur la condition des Grands, Folio plus, philosophie, 2006 Ă qui je veux rendre hommage ici. Correction 1 Le thĂšme de ce premier discours est la condition des Grands et Ă travers elle la condition humaine. Les Grands » sont les hommes qui, dans une sociĂ©tĂ© donnĂ©e, occupent les positions de pouvoir, de prestige et de richesse. Dans la sociĂ©tĂ© dâAncien RĂ©gime, il y a les nobles et les roturiers. Le Grand » est le noble, comte, duc, marquis, roi. LâidĂ©e de condition connote, en ce sens, celle de condition sociale et renvoie Ă la situation des personnes dans un ordre social hiĂ©rarchique. Depuis 1789 les privilĂšges de la noblesse ont Ă©tĂ© supprimĂ©s en France mais cela ne signifie pas quâun ordre dĂ©mocratique puisse faire lâĂ©conomie dâune hiĂ©rarchie. Il faut bien investir certains individus des fonctions dâautoritĂ© sans lesquelles il nây a pas dâordre social possible. Le propos pascalien nâest donc pas circonstanciel, il a valeur dâune vĂ©ritĂ© universelle et Ă©ternelle. Le philosophe invite le futur duc de Chevreuse Ă mĂ©diter sur sa condition de Grand et cette mĂ©ditation est lâoccasion de prendre conscience de la nature de la condition humaine en gĂ©nĂ©ral. Quelle est la situation de lâhomme dans lâunivers ? Quelle est sa situation dans son rapport aux autres hommes et Ă lui-mĂȘme ? VoilĂ ce quâil est urgent de mĂ©diter afin de ne pas entretenir des illusions sur soi-mĂȘme et de savoir se conduire. 2 Le texte sâouvre par une parabole. On entend par lĂ un rĂ©cit allĂ©gorique contenant un enseignement thĂ©orique et moral. Pour entrer dans la vĂ©ritable connaissance de votre condition, considĂ©rez-la dans cette image » dit le texte. Il sâagit de se figurer » les choses câest-Ă -dire de dĂ©placer son point de vue sur une situation grĂące Ă une expĂ©rience de pensĂ©e », expĂ©rience qui ne peut pas ĂȘtre rĂ©ellement effectuĂ©e mais dont la fiction doit permettre de saisir une vĂ©ritĂ©. Pascal mobilise ici le secours de lâimagination dont un de ses grands thĂšmes est de souligner la puissance. Elle est capable de produire des effets. Câest elle qui rĂšgne en souveraine dans le monde et sa souverainetĂ© est telle que le penseur, soucieux de dĂ©jouer les effets dâillusion quâelle produit sur la scĂšne mondaine, doit lâinstrumentaliser pour produire des effets de vĂ©ritĂ©. La fable met en scĂšne un homme jetĂ© par la tempĂȘte sur une Ăźle inconnue. Les habitants de ce lieu, Ă la recherche de leur roi Ă©garĂ©, le prennent pour le souverain quâils cherchent. Absolu hasard de la rencontre, mĂ©prise sur les personnes, dĂ©sir du roi manquant de la part du peuple insulaire. En deux lignes, la parabole figure sous forme concrĂšte les significations que Pascal veut faire entendre Ă son Ă©lĂšve. Dâabord il veut signifier que le hasard prĂ©side Ă lâexistence et Ă la situation des uns et des autres, Ă la fois dans la sociĂ©tĂ© et dans la nature. Lâexistence est contingente. Elle nâa pas en elle-mĂȘme de raison dâĂȘtre. [âŠ] vous ne vous trouvez au monde que par une infinitĂ© de hasards. Votre naissance dĂ©pend dâun mariage, ou plutĂŽt de tous les mariages de ceux dont vous descendez. Mais ces mariages, dâoĂč dĂ©pendent-ils? Dâune visite faite par rencontre, dâun discours en lâair, de mille occasions imprĂ©vues. » ThĂšme rĂ©current chez Pascal ou dans lâexistentialisme. Notre existence nâa pas en soi de justification. DâoĂč lâangoisse et pour Pascal la nĂ©cessitĂ© de la surmonter en pariant Dieu. Je ne sais qui mâa mis au monde, ni ce que câest que le monde, ni que moi-mĂȘme; je suis dans une ignorance terrible de toutes choses; je ne sais ce que câest que mon corps, que mes sens, que mon Ăąme et que cette partie mĂȘme de moi qui pense ce que je dis, qui fait rĂ©flexion sur tout et sur elle-mĂȘme, et ne se connaĂźt non plus que le reste. Je vois ces effroyables espaces de lâunivers qui mâenferment, et je me trouve attachĂ© Ă un coin de cette vaste Ă©tendue, sans que je sache pourquoi je suis plutĂŽt placĂ© en ce lieu quâen un autre, ni pourquoi ce peu de temps qui mâest donnĂ© Ă vivre mâest assignĂ© Ă ce point plutĂŽt quâĂ un autre de toute lâĂ©ternitĂ© qui mâa prĂ©cĂ©dĂ© et de toute celle qui me suit. Je ne vois que des infinitĂ©s de toutes parts, qui mâenferment comme un atome et comme une ombre qui ne dure quâun instant sans retour. Tout ce que je connais est que je dois bientĂŽt mourir, mais ce que jâignore le plus est cette mort mĂȘme que je ne saurais Ă©viter. » PensĂ©es, B 194. Il y a chez Pascal une insistance Ă souligner la dimension misĂ©rable de lâexistence humaine, Ă la fois pour comprendre la propension des hommes Ă se la dissimuler et pour dĂ©noncer la vanitĂ© des chemins empruntĂ©s. Cette misĂšre est celle dâun ĂȘtre ayant Ă©tĂ© dĂ©chu dâune condition originelle marquĂ©e par la fĂ©licitĂ© de lâhomme avec Dieu ». Câest lĂ le prĂ©supposĂ© thĂ©ologique de Pascal. Son analyse de la condition naturelle et de la condition politique des hommes sâenracine dans la tradition chrĂ©tienne. Lâhomme a perdu sa nature premiĂšre en perdant Dieu mais la perfection divine a laissĂ© en lui un vide quâil cherche vainement Ă combler. Il a conscience de sa misĂšre et cette conscience mĂȘme est un signe de sa grandeur. Ni ange, ni bĂȘte, il aspire Ă une plĂ©nitude qui se refuse, Ă une justification quâil ne pourrait trouver que dans un Absolu, en Dieu dit Pascal, mais sa nature corrompue lâincline Ă les chercher lĂ oĂč elles ne sont pas dans les biens de lâordre de la chair et dans ceux de lâordre de lâesprit. Sans la grĂące divine il ignore que son salut se trouve dans les biens dâun ordre surnaturel, lâordre de la supĂ©rioritĂ© dont le Christ a donnĂ© la mesure. DâoĂč sa frĂ©nĂ©sie Ă passer tout le jour Ă courir aprĂšs un liĂšvre quâil ne voudrait pas avoir achetĂ© » et sa recherche des marques de reconnaissance sociale, tout cela participant de ce que Pascal appelle le divertissement. Les conduites et les institutions humaines sont toujours pensĂ©es par notre philosophe sur fond de cette misĂšre ontologique. Il sâagit de combler un manque dâĂȘtre, de tenir en respect une angoisse existentielle, le dĂ©sir de grandeur, dâestime Ă©tant, lui aussi, un moyen de masquer son inconsistance et de demander aux autres la justification manquante. Or Il est faux que nous soyons dignes que les autres nous aiment, il est injuste que nous le voulions. Si nous naissions raisonnables et indiffĂ©rents, et connaissant nous et les autres, nous ne donnerions point cette inclination Ă notre volontĂ©. Nous naissons pourtant avec elle ; nous naissons donc injustes car tout tend Ă soi » PensĂ©es, B 477. Qui ne hait en soi son amour-propre, et cet instinct qui le porte Ă se faire Dieu est bien aveuglĂ©. Qui ne voit que rien nâest si opposĂ© Ă la justice et Ă la vĂ©ritĂ© » PensĂ©es, B 492. Les hommes Ă©tant ce qu'ils sont, les ordres Ă©tablis sortent de leur concurrence pour le pouvoir, le prestige, la richesse. Ils ont pour fonction de stabiliser les rapports de force en leur donnant lâautoritĂ© du droit. D'oĂč la nĂ©cessitĂ© d'attacher certains respects aux grandeurs instituĂ©es afin de promouvoir le dĂ©passement de la violence des prĂ©tentions rivales. Pascal voit dans le respect le vĂ©ritable opĂ©rateur de civilitĂ©, le moyen de convertir l'injustice naturelle en justice civile. Mais la civilisation de lâinjustice naturelle ne la supprime pas En un mot le moi a deux qualitĂ©s il est injuste en soi en ce quâil se fait le centre de tout, il est incommode aux autres, en ce quâil veut les asservir. Car chaque moi est lâennemi et voudrait ĂȘtre le tyran de tous les autres. Vous en ĂŽtez lâincommoditĂ© mais non pas lâinjustice ; et ainsi vous ne le rendez pas aimable Ă ceux qui en haĂŻssent lâinjustice ; vous ne le rendez aimable quâaux injustes, et ainsi vous demeurez injuste et vous ne pouvez plaire quâaux injustes » B 455. Au regard de la grandeur christique en effet, les grandeurs de lâordre de la chair et celles de lâordre de lâesprit nâen sont pas. Câest dire que nul Grand ne peut se prĂ©valoir de la vĂ©ritable grandeur. Sa supĂ©rioritĂ© nâest quâun effet de la fantaisie des hommes et des hasards de lâhistoire. Elle est aussi contingente que lâexistence Vous tenez, dites-vous, vos richesses de vos ancĂȘtres; mais nâest-ce pas par mille hasards que vos ancĂȘtres les ont acquises et quâils les ont conservĂ©es? Vous imaginez-vous aussi que ce soit par quelque loi naturelle que ces biens ont passĂ© de vos ancĂȘtres Ă vous? Cela nâest pas vĂ©ritable. Cet ordre nâest fondĂ© que sur la seule volontĂ© des lĂ©gislateurs qui ont pu avoir de bonnes raisons, mais dont aucune nâest prise dâun droit naturel que vous avez sur ces choses. Sâil leur avait plu dâordonner que ces biens, aprĂšs avoir Ă©tĂ© possĂ©dĂ©s par les pĂšres durant leur vie, retourneraient Ă la rĂ©publique aprĂšs leur mort, vous nâauriez aucun sujet de vous en plaindre.» Le deuxiĂšme enjeu de la parabole est dâĂ©tablir que lâimagination est la grande maĂźtresse des reprĂ©sentations aussi bien chez les dominĂ©s que chez les dominants. Elle conforte le Grand dans le sentiment dâune grandeur dont il ne voit pas quâelle nâest que dâĂ©tablissement mais elle est aussi ce qui est au principe de la reconnaissance des hiĂ©rarchies Ă©tablies par le peuple. Câest ce quâindique la mĂ©prise sur la personne du roi. Le naufragĂ© est pris pour le roi disparu. Ce qui lui confĂšre son statut qui, Ă lâĂ©vidence dans lâexpĂ©rience de pensĂ©e, est un statut usurpĂ©, tient Ă certains signes extĂ©rieurs. Il a beaucoup de ressemblance de corps et de visage avec ce roi ». Il faut comprendre que la royautĂ© nâest pas une qualitĂ© physique. Le roi nâest pas roi par son corps physique, il lâest par les attributs de sa fonction, aussi ne se montre-t-il jamais nu mais toujours parĂ© des signes de son pouvoir et de sa dignitĂ© vĂȘtements, emblĂšmes, assemblĂ©e de dignitaires etc. Il figure en sa personne physique une personne morale, celle du peuple unifiĂ© en une communautĂ© dâintĂ©rĂȘts, et cela en vertu de la puissance de lâimagination qui confond lâimage de la chose avec la chose elle-mĂȘme. Cf. La coutume de voir les rois accompagnĂ©s de gardes, de tambours, dâofficiers, et de toutes les choses qui ploient la machine vers le respect et la terreur, fait que leur visage, quand il est quelquefois seul et sans accompagnements, imprime Ă leurs sujets le respect et la terreur, parce quâon se sĂ©pare point dans la pensĂ©e leurs personnes dâavec leurs suites, quâon y voit dâordinaire jointes. Et le monde qui ne sait pas que cet effet vient de cette coutume, croit quâil vient dâune force naturelle ; et de lĂ viennent ces mots le caractĂšre de la DivinitĂ© est empreint sur son visage, etc. » » PensĂ©es, B 308. Enfin cette parabole montre que lâordre social nâest pas ce qui est imposĂ© par la force par des dominants mĂȘme si ce qui le sous-tend est, en derniĂšre analyse, la force. Si câĂ©tait le cas le peuple libĂ©rĂ© de son roi ne le chercherait pas et ne rendrait pas les respects dus Ă la fonction royale Ă celui quâil prend pour son roi. Cela signifie quâun ordre social ne tient que par le consentement de ceux qui le constituent. Sa lĂ©gitimitĂ© de fait revĂȘt une lĂ©gitimitĂ© de droit par la grĂące de lâimagination. Sans la conversion de la force en justice, la force ne peut pas fonder un ordre stable. Elle est par elle-mĂȘme impuissante, elle a besoin dâune justification morale et câest lâimagination qui confĂšre lâapparence du droit Ă ce qui en soi est Ă©tranger au droit. Pascal a dit cela dans un texte fameux Il est juste que ce qui est juste soit suivi, il est nĂ©cessaire que ce qui est le plus fort soit suivi. La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique. La justice sans force est contredite parce quâil y a toujours des mĂ©chants ; la force sans la justice est accusĂ©e. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force et pour cela faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste. La justice est sujette Ă dispute, la force est trĂšs reconnaissable et sans dispute. Ainsi on nâa pu donner la force Ă la justice parce que la force a contredit la justice et a dit que câĂ©tait elle qui Ă©tait juste. Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fĂ»t fort on a fait que ce qui est fort fĂ»t juste » PensĂ©es, B 298. 3 Le personnage mis en scĂšne se laisse traiter en roi mais il nâignore pas quâil nâa aucun titre Ă le faire. Et câest ce qui le distingue du vrai roi. Celui-ci a Ă©tĂ© instituĂ© dans la position qui est la sienne. Le pouvoir politique a bien un fondement lĂ©gitime et câest son institution de fait alors que notre naufragĂ© nâa aucune lĂ©gitimitĂ©. En droit positif, il serait un pur usurpateur et Pascal ne veut pas laisser supposer que câest le cas des souverains rĂ©els de lâhistoire. Je ne veux pas dire quâils vos biens, votre statut ne vous appartiennent pas lĂ©gitimement, et quâil soit permis Ă un autre de vous les ravir; car Dieu, qui en est le maĂźtre, a permis aux sociĂ©tĂ©s de faire des lois pour les partager; et quand ces lois sont une fois Ă©tablies, il est injuste de les violer. Câest ce qui vous distingue un peu de cet homme qui ne possĂ©derait son royaume que par lâerreur du peuple; parce que Dieu nâautoriserait pas cette possession, et lâobligerait Ă y renoncer, au lieu quâil autorise la vĂŽtre. Mais ce qui vous est entiĂšrement commun avec lui, câest que ce droit que vous y avez nâest point fondĂ©, non plus que le sien, sur quelque qualitĂ© et sur quelque mĂ©rite qui soit en vous et qui vous en rende digne. Votre Ăąme et votre corps sont dâeux-mĂȘmes indiffĂ©rents Ă lâĂ©tat de batelier ou Ă celui de duc; et il nây a nul lien naturel qui les attache Ă une condition plutĂŽt quâĂ une autre. » Le naufragĂ© nâa aucun titre positif Ă ĂȘtre roi. Le rĂŽle quâil accepte dâendosser est une pure imposture et il y a tout lieu de penser quâil sâexpose Ă ĂȘtre dĂ©masquĂ© un jour ou lâautre. Pascal le suggĂšre en disant que Dieu nâautoriserait pas cette possession, et lâobligerait Ă y renoncer ». Câest la limite de la fiction utilisĂ©e pour instruire le jeune prince. Il ne sâagit pas de prĂ©tendre que les grandeurs dâĂ©tablissement sont des usurpations du type de celle que figure le personnage de la parabole. En ce sens il y a une grande diffĂ©rence entre lui et le roi de lâhistoire. RĂ©ponse Ă la question 5 La remarque suggĂšre aussi que la position de Pascal est moins conventionnaliste quâelle sâaffiche. Car si lâinstitution sociale est de pure convention, les conventions sociales sont prĂ©sentĂ©es ici comme cautionnĂ©es par la loi divine ou loi naturelle. La citĂ© des hommes nâest pas la citĂ© de Dieu, et en ce sens elle nâa aucun fondement naturel, cela Ă©tant les Etats correspondent aux besoins de la nature humaine, Ă lâordre naturel tel quâil a Ă©tĂ© voulu par Dieu. Il faut rendre Ă CĂ©sar ce qui est Ă CĂ©sar et Ă Dieu ce qui est Ă Dieu » lit-on dans Matthieu, XXII, 21 et le premier thĂ©ologien chrĂ©tien du droit naturel de lâEtat, St Paul Ă©crit Que toute personne soit soumise aux autoritĂ©s supĂ©rieures ; car il nây a point dâautoritĂ© qui ne vienne de Dieu et les autoritĂ©s qui existent ont Ă©tĂ© instituĂ©es par Dieu. Câest pourquoi celui qui sâoppose Ă lâautoritĂ© rĂ©siste Ă lâordre que Dieu a Ă©tabli ». EpĂźtre aux Romains XIII Cette rĂ©serve Ă©tant soulignĂ©e, il y a un point commun entre le roi de la parabole et le roi de lâhistoire. Lâun et lâautre nâont aucun titre naturel Ă se prĂ©valoir de leur statut social. Celui-ci nâa pas de fondement naturel, il nâa quâun fondement conventionnel. VoilĂ pourquoi il est important que le Grand ait une double pensĂ©e ». PensĂ©e publique, officielle dâune part, pensĂ©e intĂ©rieure, secrĂšte dâautre part. Notons que Pascal ne les met pas sur le mĂȘme plan. Lâune est plus vĂ©ritable » que lâautre, entendons, elle est plus conforme Ă la vĂ©ritĂ© des choses. Dans le for intĂ©rieur, elle permet Ă chacun, au Grand comme aux autres, de savoir que nul nâa un titre naturel Ă se prĂ©valoir dâune supĂ©rioritĂ© de droit. En nature les hommes sont Ă©gaux, nul nâest nĂ© absolument supĂ©rieur Ă un autre. Les inĂ©galitĂ©s physiques, intellectuelles ne sont pas synonymes dâinĂ©galitĂ© morale. Les enfants de Dieu sont Ă©gaux aussi bien en qualitĂ© de crĂ©atures de Dieu que de crĂ©atures dĂ©chues. Le Grand, socialement, ne doit pas afficher cette pensĂ©e cachĂ©e, pensĂ©e de derriĂšre » comme lâappelle aussi Pascal car il doit assumer son rĂŽle social. Par sa seconde pensĂ©e, il doit donc avoir une conscience, non moins claire, de sa position sociale afin dâen assumer les obligations avec le sens des convenances propres aux Ă©tablissements humains. Par lâune, il doit traiter avec lui-mĂȘme, par lâautre il doit traiter avec le peuple. 4 Lâordre social, vient-on de comprendre, nâa pas de fondement naturel. Les rapports gouvernants-gouvernĂ©s sont conventionnellement Ă©tablis. Ils ne dĂ©rivent pas de la nature des choses. En effet, aucun homme, nâest par nature, habilitĂ© Ă gouverner dâautres hommes. Platon le disait Ă sa maniĂšre Ce ne sont pas des bĆufs que nous prenons pour rĂ©gir des bĆufs, pas davantage des chĂšvres pour rĂ©gir des chĂšvres, mais câest nous, en tant que nous sommes dâune autre espĂšce supĂ©rieure Ă la leur, qui sommes leurs maĂźtres » Lois, 713 d-e. St Augustin aussi Dieu a voulu que lâĂȘtre raisonnable fait Ă son image ne dominĂąt que sur des ĂȘtres irraisonnables, non pas lâhomme sur lâhomme, mais lâhomme sur la bĂȘte. VoilĂ pourquoi les premiers justes Ă©taient Ă©tablis comme pasteurs de troupeaux plutĂŽt que comme rois des hommes » St Augustin. La CitĂ© de Dieu, XIX, 15. Il sâensuit que seul un ĂȘtre dâune essence supĂ©rieure Ă lâhumaine nature pourrait ĂȘtre autorisĂ© Ă revendiquer une vĂ©ritable supĂ©rioritĂ© et seul un tel ĂȘtre pourrait ordonner les rapports humains selon la loi de justice et dâamour. On a traditionnellement donnĂ© le nom de Dieu Ă cet idĂ©al et les instituteurs lĂ©gendaires des peuples ont cherchĂ© Ă gouverner en son nom MoĂŻse, Mahomet par exemple. ManiĂšre de pointer le caractĂšre aporĂ©tique du problĂšme politique. Car Il ne naĂźt pas dans les Etats de roi comme il en Ă©clĂŽt dans les ruches, douĂ©s de naissance dâun corps et dâun esprit supĂ©rieur » Ă©crit Platon, Politique, 301 c. Votre Ăąme et votre corps sont dâeux-mĂȘmes indiffĂ©rents Ă lâĂ©tat de batelier ou Ă celui de duc; et il nây a nul lien naturel qui les attache Ă une condition plutĂŽt quâĂ une autre. » dit Pascal. Avec ce propos, le philosophe sâinscrit clairement dans une position conventionnaliste en matiĂšre juridique et politique. Ce qui fonde les ordres politiques câest dâavoir Ă©tĂ© instituĂ©s. Ils ne sont pas fondĂ©s en nature ou en raison. Ils sont contingents et ne peuvent se prĂ©valoir dâune justice naturelle. Leur justice nâest que de convention mais il ne sâagit pas dâen discuter la lĂ©gitimitĂ© dans lâordre qui est le leur. Lâinstitution juridique repose sur de bonnes raisons dont la plus essentielle est dâassurer la paix civile. VoilĂ pourquoi il nâest pas souhaitable que ceux qui ont Ă obĂ©ir aux lois aient lâintelligence de leur caractĂšre conventionnel. Ils pourraient ĂȘtre tentĂ©s de cesser dâobĂ©ir. Ce serait sans victoire pour la vraie justice et trĂšs prĂ©judiciable pour la paix civile rĂ©ponse Ă la question 6. En revanche du point de vue de lâordre de la supĂ©rioritĂ© vĂ©ritable, les ordres civils sont des figures de dĂ©sordre et dâinjustice. Conclusion Pascal dĂ©gage Ă la fin de son texte les implications morales de son analyse. Il en est des Grands ce quâil en est de notre naufragĂ©. Ils nâont aucun titre naturel Ă se prĂ©valoir du statut de supĂ©rioritĂ© que la fantaisie des conventions humaines et les hasards de lâhistoire leur ont octroyĂ©. Cette prise de conscience est nĂ©cessaire pour sâaffranchir de la morgue, de la vanitĂ©, de lâinsolence voire de la cruautĂ© que se permettent trop souvent ceux qui vivent dans la mĂ©connaissance de la vĂ©ritĂ© de leur condition naturelle et de leur condition sociale. Car tous les emportements, toute la violence, et toute la vanitĂ© des Grands, vient de ce quâils ne connaissent point ce quâils sont Ă©tant difficile que ceux qui se regarderaient intĂ©rieurement comme Ă©gaux Ă tous les hommes, et qui seraient bien persuadĂ©s quâils nâont rien en eux qui mĂ©rite ces petits avantages que Dieu leur a donnĂ©s au-dessus des autres, les traitassent avec insolence. Il faut sâoublier soi-mĂȘme pour cela, et croire quâon a quelque excellence rĂ©elle au-dessus dâeux; en quoi consiste cette illusion, que je tĂąche de vous dĂ©couvrir. » Questions portant sur le deuxiĂšme discours 1 Explicitez le sens de la distinction entre les grandeurs naturelles et les grandeurs d'Ă©tablissement. 2 Expliquez Aux grandeurs d'Ă©tablissement, nous leur devons des respects d'Ă©tablissement, c'est-Ă -dire certaines cĂ©rĂ©monies extĂ©rieures qui doivent ĂȘtre nĂ©anmoins accompagnĂ©es, selon la raison, d'une reconnaissance intĂ©rieure de la justice de cet ordre.» Pointez le paradoxe. Qu'est-ce qui justifie le propos de Pascal? 3 Quel usage Pascal fait-il de la notion de justice et d'injustice? Utilisez le commentaire du texte du philosophe portant sur les trois ordres pour approfondir votre rĂ©ponse. Correction sous forme de commentaire de texte. Introduction Quâest-ce que les hommes reconnaissent comme des grandeurs thĂšme ou des valeurs ? Question La thĂšse de Pascal consiste Ă dire quâil y a deux ordres de grandeurs, la premiĂšre partie sâefforçant de dĂ©terminer la nature de ce quâil appelle des grandeurs dâĂ©tablissement et des grandeurs naturelles. Il va de soi que ces diffĂ©rentes grandeurs appellent diffĂ©rents types de respect. Aux grandeurs dâĂ©tablissement, respect dâĂ©tablissement ; aux grandeurs naturelles, respect naturel. Telle est la thĂšse qui a rendu Pascal cĂ©lĂšbre. Mais ce nâest lĂ que le premier niveau de la problĂ©matique du texte, le plus simple. Ce qui est beaucoup plus subtil est le jugement formulĂ© Ă propos des respects dâĂ©tablissement. Ils doivent, apprend-on, ĂȘtre nĂ©anmoins accompagnĂ©s selon la raison dâune reconnaissance intĂ©rieure de la justice de cet ordre ». Ou bien Câest une sottise et une bassesse dâesprit que de leur refuser ces devoirs ».VoilĂ qui a de quoi surprendre. Nâest-il pas contradictoire de fonder en raison, ce qui a Ă©tĂ© prĂ©alablement analysĂ© comme une simple convention, expression de la fantaisie et de lâarbitraire humains ? Peut-on Ă la fois disjoindre radicalement un ordre naturel et un ordre conventionnel au point de rĂ©cuser toute prĂ©tention Ă fonder naturellement lâĂ©tablissement humain et lĂ©gitimer celui-ci comme juste selon la raison ? LâĂ©lucidation de ce paradoxe constitue le point le plus important de ce texte oĂč Pascal livre sa conception, proprement tragique de lâordre politique. I Les deux sortes de grandeurs. Distinguer des grandeurs ou des ordres ; Pascal est coutumier de ce souci. On se souvient de la distinction des trois ordres. Ici, la distinction ne sâopĂšre pas au sein de la nature, entre les corps et les esprits, ou entre la nature et la surnature câest-Ă -dire entre les deux premiers ordres de lâextĂ©rioritĂ© et de lâintĂ©rioritĂ© et lâordre de la supĂ©rioritĂ©. Elle sâopĂšre entre ce qui est par nature, comme disaient les sophistes et ce qui est par convention, Lâobjet auquel sâapplique cette distinction est ce que Pascal appelle les grandeurs. Il faut comprendre sous cette dĂ©nomination, ce que les hommes reconnaissent comme une valeur, une supĂ©rioritĂ© ou une dignitĂ©. 1° Les grandeurs conventionnelles. Ce sont toutes celles que les hommes sont convenus, par des accords tacites ou explicites, dâinstituer comme telles. Une convention est en effet ce qui dĂ©coule de la dĂ©cision humaine. Toute institution, tout Ă©tablissement humain, met en jeu des conventions. Or, lâobservation des faits le montre, les conventions ont la relativitĂ© des apprĂ©ciations humaines. Ce que prĂ©cise le texte au moyen dâexemples. En France, au 17° siĂšcle on confĂšre une supĂ©rioritĂ© aux nobles, câest-Ă -dire aux descendants des conquĂ©rants germains, en Suisse Ă la mĂȘme Ă©poque on honore les roturiers. Ici on donne un privilĂšge Ă lâaĂźnĂ©, lĂ au cadet. Pascal souligne le caractĂšre arbitraire et contingent des hiĂ©rarchies sociales. Câest ainsi » mais cela pourrait ĂȘtre autrement. La distinction entre ce quâune sociĂ©tĂ© honore et ce quâelle mĂ©prise nâa pas de fondement naturel. La chose Ă©tait indiffĂ©rente avant lâĂ©tablissement ». Câest la volontĂ© des hommes qui dĂ©cide ici, dâinstituer le droit dâaĂźnesse, ailleurs le droit du cadet. En nature, il nây a pas plus de raison dâaffirmer le privilĂšge de lâun que celui de lâautre. Ce sont lĂ des conventions propres Ă chaque peuple. Pour quâil nây ait aucune ambiguĂŻtĂ© sur ce point, Pascal se fait explicite. Quâest-ce qui est au principe de ces conventions ? La rĂ©ponse Parce quâil a plu aux hommes » rĂ©vĂšle quâelles nâont pas dâautre justification que le bon plaisir des peuples. Avec la notion de plaisir le philosophe enracine les institutions dans la sphĂšre des dĂ©sirs ou dans son langage, des concupiscences et dans la toute puissance de lâimagination. On ne peut pointer davantage lâarbitraire et la relativitĂ© des Ă©tablissements humains et donc des lois, et donc de la justice. Avant la convention qui dĂ©cide de ces dĂ©terminations il nây a ni juste, ni injuste. Mais dĂšs que la convention a force de loi, le juste sâidentifie au respect de la lĂ©galitĂ©, lâinjuste Ă lâillĂ©galitĂ©. Le texte donne une premiĂšre explication de cette nĂ©cessitĂ© politique en faisant rĂ©fĂ©rence au trouble public Cf. troubler. On comprend que lâenjeu des conventions est dâassurer lâordre public et seuls des accords communĂ©ment consentis peuvent cohĂ©rer des sociĂ©tĂ©s humaines. Lâimportant nâest pas la rationalitĂ© de lâaccord, câest sa capacitĂ© Ă promouvoir lâordre social. De ce point de vue, il faut appeler injuste ce qui menace la stabilitĂ© des institutions, ce qui est facteur de dĂ©sordre câest-Ă -dire de violence. 2° Les grandeurs naturelles. Naturelles se comprend par opposition Ă conventionnelles. En droit, ce qui est fondĂ© en nature est ce qui est fondĂ© en raison. Ce qui est par nature est indĂ©pendant de la relativitĂ© et de lâarbitraire humains. Seule une raison affranchie du prĂ©jugĂ© peut en saisir la nĂ©cessitĂ© propre et lâuniversalitĂ©. Par exemple, la vertu de sagesse est une valeur dans lâabsolu, non relativement Ă la fantaisie des peuples. Elle est ce quâelle est par dĂ©termination objective non par apprĂ©ciation fantaisiste. Le texte parle de qualitĂ©s rĂ©elles et effectives ». RĂ©el sâoppose Ă fictif. Le fictif nâexiste que dans lâimagination des hommes et nâa pas dâeffectivitĂ©. On entend par effectivitĂ© » la capacitĂ© de produire des effets, de sâattester concrĂštement. La force peut soulever des haltĂšres, la faiblesse ne le peut pas. Le courage peut triompher du danger, la lĂąchetĂ© en est bien incapable. Les supĂ©rioritĂ©s naturelles sont en soi des supĂ©rioritĂ©s et devraient donc ĂȘtre reconnues par tout esprit normalement constituĂ©. 3° Les deux genres de respect relatifs aux deux genres de grandeurs. Ces deux sortes de grandeurs fondent des devoirs diffĂ©rents. Un devoir ou une obligation câest ce Ă quoi on est tenu en vertu dâune loi. Quâil sâagisse des grandeurs conventionnelles ou des grandeurs naturelles, on est tenu au respect car toute dignitĂ© oblige. Mais ce respect nâest pas de mĂȘme nature dans les deux cas. Aux grandeurs dâĂ©tablissement respect dâĂ©tablissement dit Pascal. Que faut-il entendre par lĂ ? Que tout ordre social implique des rĂšgles de civilitĂ© relatives aux hiĂ©rarchies instituĂ©es. Lâusage veut quâon parle aux rois Ă genoux, quâon se tienne debout dans la chambre des princes. On peut transposer ces exemples dans les usages de notre Ă©poque. La politesse et le respect dus Ă la fonction veulent quâau tribunal on se lĂšve lorsque les magistrats pĂ©nĂštrent dans le prĂ©toire, quâon ne parle pas Ă un ministre, un prĂ©fet ou Ă un professeur comme Ă un copain ou Ă un chien. Ce sont lĂ des cĂ©rĂ©monies extĂ©rieures » entendons, une maniĂšre de se conduire oĂč lâessentiel consiste dans la conformitĂ© extĂ©rieure de lâattitude Ă la rĂšgle sociale. Les marques conventionnelles de respect on tĂ©moigne dâune certaine rĂ©serve, on sâincline, on sâincommode » dit Pascal nâimpliquent pas le consentement intĂ©rieur de lâĂąme qui est au contraire le propre du respect Ă©prouvĂ© Ă lâendroit des grandeurs naturelles. Celles-ci forcent lâestime, lâadmiration. Elles suscitent des sentiments or les sentiments ne se commandent pas par dĂ©cret. Ils ont une spontanĂ©itĂ© tĂ©moignant quâen prĂ©sence de certaines valeurs, la sensibilitĂ© rĂ©agit dâune certaine maniĂšre. Ce qui est identifiĂ© comme une supĂ©rioritĂ© naturelle suscite une espĂšce de retenue, de dĂ©fĂ©rence. On se sent enclin Ă tĂ©moigner des Ă©gards Ă la vertu, Ă lâintelligence, Ă leur rendre hommage, fĂ»t-ce dans le silence et le secret de lâintĂ©rioritĂ©. Il nây a que les grandeurs naturelles qui soient ainsi capables de sâimposer Ă la raison et Ă la sensibilitĂ© et de les disposer intĂ©rieurement Ă la reconnaissance de leur valeur. Nous ne devons les respects naturels quâaux grandeurs naturelles » Ă©crit Pascal. La perspective est ici morale. Pascal ne dit pas que les hommes Ă©prouvent naturellement du respect pour les grandeurs naturelles. Ce serait mĂ©connaĂźtre la subversion de la raison par lâimagination, la toute puissance du prĂ©jugĂ© ou tout simplement la petitesse de certains esprits, que cela soit dĂ» Ă lâabsence dâĂ©ducation ou Ă autre chose. LâexpĂ©rience montre en effet quâun Hitler ou un Staline ont suscitĂ© lâestime alors quâun JĂ©sus a dĂ» essuyer les quolibets de la foule. Un caĂŻd est admirĂ© dans certains espaces alors quâun honnĂȘte jeune homme peut ĂȘtre moquĂ©. Un professeur fort savant peut ĂȘtre chahutĂ© par des Ă©lĂšves nâayant pas lâintelligence nĂ©cessaire Ă la comprĂ©hension de leur propre infĂ©rioritĂ© Ă lâendroit de la supĂ©rioritĂ© qui est en face dâeux. Rien nâest plus difficile que de savoir identifier les vraies valeurs. On se souvient que Descartes en fait le privilĂšge des Ăąmes bien nĂ©es. Pascal nâignore pas le problĂšme. En se rĂ©fĂ©rant Ă un ordre naturel de valeurs, il veut simplement conduire le prince auquel il sâadresse Ă ne pas confondre les hiĂ©rarchies sociales avec les hiĂ©rarchies naturelles. Il lui rappelle que dans son for intĂ©rieur tout homme, fĂ»t-il le plus misĂ©rable socialement, est une citadelle inexpugnable. Nul ne peut ĂȘtre contraint Ă juger estimable ce qui ne lâest pas. La libertĂ© intellectuelle et morale est inaliĂ©nable. Il nâest pas nĂ©cessaire parce que vous ĂȘtes duc, que je vous estime ; mais il est nĂ©cessaire que je vous salue. Si vous ĂȘtes duc et honnĂȘte homme, je rendrai ce que je dois Ă lâune et Ă lâautre de ces qualitĂ©s. Je ne vous refuserai pas les cĂ©rĂ©monies que mĂ©rite votre qualitĂ© de duc, ni lâestime que mĂ©rite celle dâhonnĂȘte homme. Mais si vous Ă©tiez duc sans ĂȘtre honnĂȘte homme, je vous ferais encore justice, car en vous rendant les devoirs que lâordre des hommes a attachĂ©s Ă votre naissance, je ne manquerai pas dâavoir pour vous le mĂ©pris intĂ©rieur que mĂ©riterait la bassesse de votre esprit ». NB Lâexistence dâordres diffĂ©rents de grandeurs et de respects expose au risque de confusion des ordres câest-Ă -dire Ă ce que Pascal appelle la tyrannie, le ridicule ou lâinjustice. Par exemple, il est tyrannique dâexiger un respect naturel pour une grandeur conventionnelle de mĂȘme quâil est injuste de rendre un respect dâĂ©tablissement Ă ce qui est une grandeur naturelle. II Elucidation du paradoxe. 1° EnoncĂ© du paradoxe. Aux grandeurs dâĂ©tablissement, nous leur devons les respects dâĂ©tablissement câest-Ă -dire certaines cĂ©rĂ©monies extĂ©rieures qui doivent ĂȘtre accompagnĂ©es, selon la raison dâune reconnaissance intĂ©rieure de la justice de cet ordre mais qui ne nous font pas concevoir quelque qualitĂ© rĂ©elle en ceux que nous honorons de la sorte ». Etonnante affirmation pouvant paraĂźtre scandaleuse. Pourquoi ? Parce quâun ordre conventionnel, explicitement analysĂ© par lâauteur comme ordre arbitraire, ne pouvant se prĂ©valoir dâun fondement plus solide que le bon plaisir ou lâimaginaire des peuples nâa, nous semble-t-il, aucun titre du point de vue de la raison, Ă ĂȘtre reconnu juste. Quâil faille se conformer aux normes sociales, soit, quâil faille de surcroĂźt reconnaĂźtre la justice dâun systĂšme normatif arbitraire câen est trop. Juste en effet, ce qui peut ĂȘtre justifiĂ© moralement et pas seulement ce qui a Ă©tĂ© dĂ©crĂ©tĂ© tel. Nous pensons donc que seul un ordre conventionnel respectueux de la loi intĂ©rieure de lâesprit peut prĂ©tendre au consentement intĂ©rieur de la raison. En termes classiques, nous considĂ©rons que le droit positif doit se fonder sur le droit naturel pour avoir une lĂ©gitimitĂ© et seule cette lĂ©gitimitĂ© mĂ©rite dâĂȘtre cautionnĂ©e rationnellement. Il est donc paradoxal de dire Ă la fois quâun ordre est arbitraire et fantaisiste et quâil est juste selon la raison. Soit un ordre est arbitraire et on signifie quâil nâest pas justifiable en raison, soit il est justifiable rationnellement et il est contradictoire de le dĂ©crire comme arbitraire ou fantaisiste. 2° Justification du paradoxe la confusion des ordres. En droit en effet la justice est ce qui est fondĂ© en raison et il ne sâagit pas de croire que Pascal nâassentirait pas Ă ces propos. Il le dit explicitement en affirmant que seules les grandeurs naturelles peuvent inspirer un respect naturel. Il sâensuit que sâil Ă©tait possible de construire un ordre social sur des fondements naturels ou rationnels, ce ne serait pas Pascal qui sâen plaindrait. Mais voilĂ , toute lâoriginalitĂ© de notre philosophe, consiste Ă Ă©tablir que cette espĂ©rance nâest quâune vaine illusion voire une insupportable prĂ©tention. Une telle espĂ©rance revient Ă mĂ©connaĂźtre que sâil y a une justice propre Ă lâordre de lâintĂ©rioritĂ©, celle-ci est fort peu juste du point de vue de la sagesse de lâordre de la supĂ©rioritĂ©. Au fond la mĂ©connaissance de lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des ordres conduit Ă faire preuve dâinjustice au sens pascalien. Lâinjustice consiste toujours Ă exiger dâun ordre des vertus nâayant dâeffectivitĂ© que dans un autre. Par exemple, il est injuste de demander aux gens de chair de sâincliner devant la supĂ©rioritĂ© intellectuelle comme il est injuste de demander aux gens dâesprit quâils reconnaissent lâautoritĂ© de la force. Subordonner la lĂ©gitimation de lâordre politique Ă la rectitude morale relĂšve de la mĂȘme erreur. Pascal ne dit pas erreur, il dit tyrannie, injustice ou ridicule. Il y a une justice interne Ă chaque ordre quâil serait injuste de ne pas reconnaĂźtre rationnellement. La question quâil nous faut donc Ă©lucider est la suivante Quelle est la justice inhĂ©rente Ă lâordre politique qui, tout arbitraire quâil soit, doit ĂȘtre selon la raison » reconnu comme juste ? A ce niveau de lâanalyse il faut bien admettre que Pascal fait un usage problĂ©matique de lâexpression selon la raison » car son analyse du politique ne se dĂ©ploie pas sur des prĂ©supposĂ©s purement rationalistes. Au contraire, elle ne prend sens que sur fond de sa critique radicale de la raison dont le procĂšs est instruit sur des prĂ©supposĂ©s thĂ©ologiques. a Figures de la corruption de notre nature la souverainetĂ© de lâordre naturel. Le thĂšme donnant sens au propos pascalien est celui de la corruption de notre nature. Lâhomme a perdu la perfection originelle. Sa nature est une nature dĂ©chue, corrompue par le pĂ©chĂ©. Les deux ordres naturels, aussi bien celui de lâesprit que celui des corps participent de cette dĂ©chĂ©ance. Or lâordre politique, câest-Ă -dire la nĂ©cessitĂ© dâun pouvoir pour rĂ©gler lâusage de la force et lier les hommes selon des lois, dĂ©ploie son effectivitĂ© dans les deux premiers ordres. Il sâensuit quâil doit ĂȘtre assignĂ© Ă la condition postlapsaire de lâhomme et que la politique est Ă©trangĂšre Ă lâĂ©conomie de la grĂące. Sa naturalitĂ© relevant de la nature de lâhomme pĂ©cheur, il est vain de lui demander dâĂȘtre fondĂ©e sur lâexigence transcendante de justice. Seule une nature rĂ©novĂ©e par la grĂące peut avoir le sens de la vĂ©ritable justice mais il y a lĂ quelque chose de surnaturel Cf. lâordre de la charitĂ© ou de la supĂ©rioritĂ©. La justice est la vertu de la citĂ© de Dieu et au regard de la citĂ© de Dieu la citĂ© des hommes ne peut ĂȘtre quâune figure de dĂ©sordre et dâinjustice. Mais lâordre politique qui est une figure de dĂ©sordre et dâinjustice selon lâordre de la grĂące revĂȘt dans lâordre de la nature corrompue, une lĂ©gitimitĂ© correspondant Ă sa nĂ©cessitĂ©. Signe de lâĂ©tat de chute et de corruption il est justifiĂ©, quels que soient ses visages historiques, par le fait quâil maĂźtrise en partie les effets du pĂ©chĂ© lâayant rendu nĂ©cessaire. Il y a donc une double fonction de la doctrine des ordres une fonction critique et une fonction de lĂ©gitimation. Le juste interne Ă lâordre politique, ordre conventionnel, ne se mesure pas Ă lâaune dâune grandeur surnaturelle mais Ă sa vĂ©ritable fin consistant Ă satisfaire les dĂ©sirs et les intĂ©rĂȘts des hommes et dâabord cet intĂ©rĂȘt majeur qui est de les protĂ©ger de leur violence rĂ©ciproque. Les rois, les ministres, les assemblĂ©es sont par nature des grands de chair. Ce sont des rois de concupiscence. Ils ont Ă remplir les fonctions de cet ordre, la premiĂšre Ă©tant de nous sauver du pire des maux Ă savoir de la guerre de tous contre tous. Nous devons leur rendre cette justice. Les choses du monde les plus dĂ©raisonnables deviennent les plus raisonnables Ă cause du dĂ©rĂšglement des hommes. Quây a-t-il de moins raisonnable que de choisir, pour gouverner un Etat, le premier fils dâune reine ? On ne choisit pas pour gouverner un vaisseau celui des voyageurs qui est de la meilleure maison. Cette loi serait ridicule et injuste ; mais parce quâils le sont et le seront toujours, elle devient raisonnable et juste, car qui choisira-t-on, le plus vertueux et le plus habile ? Nous voilĂ incontinent aux mains, chacun prĂ©tend ĂȘtre ce plus vertueux et ce plus habile. Attachons donc cette qualitĂ© Ă quelque chose dâincontestable. Câest le fils aĂźnĂ© du roi ; cela est net, il nây a point de dispute. La raison ne peut faire mieux, car la guerre civile est le plus grand des maux » On peut lire aussi la pensĂ©e B325. Ce propos donne la mesure du tragique pascalien. Il donne sa substance au thĂšme de la corruption de notre nature, thĂšme constituant, rappelons le, le site dâoĂč parle Pascal. Il faut reconnaĂźtre une justice des conventions sociales mĂȘme sâil convient de la faire avec ce que Pascal appelle la pensĂ©e de derriĂšre » câest-Ă -dire avec ce recul permettant de ne pas confondre les ordres et donc de ne pas concevoir quelque qualitĂ© rĂ©elle en ceux que nous honorons de cette sorte ». b Lâimpuissance de la raison humaine Ă dĂ©terminer adĂ©quatement les valeurs. Câest que la raison humaine est impuissante Ă dire le vrai, le bien ou le juste. De sa perfection premiĂšre, lâhomme a gardĂ© la trace en creux de lâidĂ©e de justice, ce qui le conduit Ă dĂ©noncer lâinjustice mais cette trace est une place vide. Encore quâon ne puisse assigner le juste, on voit bien ce qui ne lâest pas » dit Pascal. DâoĂč les disputes incessantes entre les hommes et la nĂ©cessitĂ© de se mettre dâaccord pour garantir la paix. Ici on dĂ©cidera que celui qui mettra tout le monde dâaccord est le fils aĂźnĂ© du roi, lĂ que câest lâavis dâune majoritĂ©. La justice de lâaccord nâest pas sa conformitĂ© Ă la vraie justice, câest la paix quâil assure. Que cet accord se rĂ©alise sur le principe dĂ©mocratique de la majoritĂ© ou sur le principe monarchique de la souverainetĂ© de droit divin peu importe. Dans tous les cas les hommes sâentendent sur des principes conventionnels qui sont des principes corrompus. Il nây a pas de salut dans la sphĂšre du politique. Mais celle-ci est incontournable pour contenir les effets de notre dĂ©raison. VoilĂ pourquoi Pascal conseille au prince de laisser croire au peuple que les rĂšgles assurant lâordre public sont justes. Cette illusion est vectrice dâobĂ©issance et lâobĂ©issance est absolument nĂ©cessaire. DĂ©voiler lâillusion serait sans gain pour la vraie justice et calamiteux pour la paix civile. Ce ne serait pas charitĂ©, ce serait haine. Il est dangereux de dire au peuple que les lois ne sont pas justes, car il nây obĂ©it quâĂ cause quâil les croit justes. Câest pourquoi il faut lui dire en mĂȘme temps quâil y faut obĂ©ir parce quâelles sont lois, comme il faut obĂ©ir aux supĂ©rieurs, non pas parce quâils sont justes mais parce quâils sont supĂ©rieurs. Par lĂ , voilĂ toute sĂ©dition prĂ©venue si on peut faire entendre cela, et ce que câest prĂ©cisĂ©ment que la dĂ©finition de la justice » PensĂ©e. c La subversion de la raison par lâimagination. Ce thĂšme de lâimpuissance de la raison humaine Ă dĂ©terminer positivement le juste sâarticule Ă celui de la subversion de la raison par lâimagination, autre figure de la corruption de notre nature. Bien avant la cĂ©lĂšbre analyse de Rousseau dans le Contrat Social Pascal montre que la justice Ă©tant sujette Ă dispute, on nâa pu faire que la justice soit forte. Mais comme un ordre est absolument nĂ©cessaire, on a fait en sorte que la force soit juste ». Cette supercherie est lâĆuvre de lâimagination. Les cordes qui attachent le respect des uns envers les autres en gĂ©nĂ©ral sont cordes de nĂ©cessitĂ©, car il faut quâil y ait diffĂ©rents degrĂ©s, tous les hommes voulant dominer, et tous ne le pouvant pas, mais quelque uns le pouvant. Figurons nous donc quâils se battront jusquâĂ ce que la plus forte partie opprime la plus faible, et quâenfin il y ait un parti dominant. Mais quand cela est une fois dĂ©terminĂ©, alors les maĂźtres, qui ne veulent pas que la guerre continue, ordonnent que la force qui est entre leurs mains leur succĂ©dera comme il leur plaĂźt les uns la remettront Ă lâĂ©lection des peuples, les autres Ă la succession de naissance etc. Et câest lĂ oĂč lâimagination commence Ă jouer son rĂŽle. Jusque lĂ la pure force lâa fait ici câest la force qui se tient par lâimagination en un certain parti, en France des gentilshommes, en Suisse des roturiers, etc. Or ces cordes qui attachent donc les respects Ă tel ou tel en particulier sont des cordes dâimagination » PensĂ©e. B. 304. Cette capacitĂ© de lâimagination Ă subvertir la raison et Ă imposer la force en la parant du prestige du droit, pointe lâĂ©tendue de la corruption de notre nature. Car lâimagination est lâactivitĂ© de lâesprit au service des diverses concupiscences oeuvrant dans la nature humaine. Il sâensuit quâelle ressortit de lâordre de la chair. Sa fonction est de satisfaire les appĂ©tits de pouvoir, de richesse, de gloire, de vanitĂ©, appĂ©tits ambigus car sâil nây a pas lieu dâen ĂȘtre fier, ils sont nĂ©anmoins le ressort du dynamisme de la vie. Les enfants de Port Royal auxquels on ne donne point cet aiguillon dâenvie et de gloire tombent dans la nonchalance » reconnaĂźt la pensĂ©e Mais enfin ce sont bien ces appĂ©tits qui nous expulsent de la surnature. Ils conduisent chacun Ă se penser comme centre et lĂ est le principe du pĂ©chĂ©. Quel dĂ©rĂšglement de jugement, par lequel il nây a personne qui ne se mette au dessus de tout le reste du monde, et qui nâaime mieux son propre bien et la durĂ©e de son bonheur et de sa vie, que celle de tout le reste du monde » Par cette propension Ă se faire le centre de tout, les hommes ne peuvent donc prĂ©tendre vivre dans la justice. Il faudrait pour cela, ce qui est proprement impossible se dĂ©pouiller de toute volontĂ© particuliĂšre, nâaspirer Ă aucun bien qui ne puisse ĂȘtre partagĂ© par tous. Il faudrait prĂ©fĂ©rer au bien individuel le bien de lâensemble, ce qui en toute rigueur est une subversion de lâordre naturel des choses. Seule la grĂące peut rendre possible la capacitĂ© de lâinfĂ©rieur Ă sâĂ©lever au supĂ©rieur. Autant dire que ce salut sâeffectue hors du politique. Câest le miracle de la foi condamnant en ce monde Ă la tragĂ©die de la Croix. Conclusion RĂȘver dâun ordre qui serait humainement faisable et qui ne serait point un dĂ©sordre, câest tout mĂ©langer, câest prendre les hommes pour des dieux ou pour des anges ; câest lâerreur des philosophes. Il faut donc savoir que lâordre nâest quâapparent et que câest un vĂ©ritable dĂ©sordre, mais il faut faire comme si ce dĂ©sordre Ă©tait un ordre vĂ©ritable ; la plupart des hommes ne sont pas capables de cette doctrine et il faut leur prĂ©senter le dĂ©sordre rĂ©el comme un ordre rĂ©el. Car ils ne peuvent y obĂ©ir et sây soumettre que sâils croient que câest un ordre rĂ©el et que les principes en sont justes. Pascal est donc dâune certaine maniĂšre lâexact envers de Rousseau. Tous deux voient dans lâordre social tel quâil existe rĂ©ellement une apparence qui cache un vĂ©ritable dĂ©sordre ; tous deux voient dans la prĂ©tendue union civile une forme souveraine dâopposition et de dĂ©sunion ; tous deux voient dans la paix Ă laquelle tous aspirent une forme de guerre de tous contre tous. Mais lĂ oĂč Rousseau imagine que lâhomme pourrait guĂ©rir de son pĂ©chĂ© et sâordonner en fonction du tout, passant ainsi dâun ordre apparent Ă un ordre rĂ©el, Pascal sait que, parce que lâhomme est pĂ©cheur, il nây a pas dâordre plus rĂ©el que lâordre apparent, pas dâunion plus Ă©troite que celle qui nous lie en nous opposant, pas de paix plus vraie que celle qui a la forme dâune guerre secrĂšte » Jean-Fabien Spitz, Apparence et faussetĂ© la double nature de lâordre politique chez Pascal, Revue internationale de philosophie, n° 199, mars 1997. Questions portant sur le troisiĂšme discours 1 Quel est le sens de la distinction entre le royaume de la charitĂ© et le royaume de la concupiscence ? 2 Quelle est la mission dâun roi de concupiscence ? 3 Y a-t-il un salut possible de lâhumanitĂ© dans lâordre politique ? Correction 1 Cette distinction renvoie Ă la distinction que St Augustin a Ă©tablie entre la citĂ© de Dieu, citĂ© cĂ©leste et la citĂ© des hommes, citĂ© terrestre Deux amours ont donc bĂąti deux citĂ©s celle de la terre par lâamour de soi jusquâau mĂ©pris de Dieu, celle du ciel par lâamour de Dieu jusquâau mĂ©pris de soi. Lâune se glorifie en elle-mĂȘme, lâautre dans le Seigneur. Lâune en effet demande sa gloire aux hommes; lâautre tire sa plus grande gloire de Dieu, tĂ©moin de sa conscience. Lâune, dans sa gloire, redresse la tĂȘte; lâautre dit Ă son Dieu Tu es ma gloire et tu Ă©lĂšves ma tĂȘte.» Lâune, dans ses chefs ou dans les nations quâelle subjugue, est dominĂ©e par le dĂ©sir de dominer; dans lâautre, on se rend service mutuellement dans la charitĂ©, les gouvernants en prenant les rĂ©solutions, les sujets en obĂ©issant. Lâune, dans ses puissants, chĂ©rit sa propre force; lâautre dit Ă son Dieu Je tâaimerai, Seigneur, toi ma force » Câest pourquoi, dans lâune, les sages vivant selon lâhomme ont recherchĂ© les biens du corps ou de lâĂąme ou des deux; et ceux qui ont pu connaĂźtre Dieu ne lâont pas honorĂ© comme Dieu et ne lui ont pas rendu grĂąces, mais ils se sont fourvoyĂ©s dans leurs pensĂ©es et leur coeur insensĂ© a Ă©tĂ© obscurci; se proclamant sages [ câest-Ă -dire sâexaltant dans leur sagesse sous la domination de leur orgueil] il sont devenus fous; ils ont troquĂ© la gloire du Dieu incorruptible contre des images de lâhomme corruptible, [âŠ] Dans lâautre citĂ© au contraire, la seule sagesse de lâhomme est la piĂ©tĂ© qui rend un culte lĂ©gitime au vrai Dieu et attend pour rĂ©compense dans la sociĂ©tĂ© des saints, hommes aussi bien quâanges, que Dieu soit tout en tous. » St Augustin, La CitĂ© de Dieu, Livre XIV, 28. La citĂ© terrestre est Ă lâimage de la nature humaine. Celle-ci est une nature dĂ©chue. Elle nâest pas encline Ă se soumettre Ă la loi transcendante dâamour et de justice car elle est sous lâempire des diverses concupiscences oeuvrant en elle. Le principe du mal est lâamour de soi en lieu et place de lâamour de Dieu. Telle est la corruption constitutive de notre ĂȘtre. Lâhomme est un nĂ©ant se prenant pour un dieu, une infime partie dâun ensemble, sans lequel il ne serait rien, se prenant pour le tout. Quel dĂ©rĂšglement de jugement, par lequel il nây a personne qui ne se mette au-dessus du reste du monde, et qui nâaime mieux son propre bien, et la durĂ©e de son bonheur, et de sa vie, que celle de tout le reste du monde » PensĂ©es, B 456. Le conatus dâauto-affirmation comme lâappellent Hobbes et Spinoza, lâamour de soi ou lâamour-propre sont la respiration de tout existant et câest cela le principe du dĂ©sordre terrestre. Sâils Ă©taient capables de dĂ©poser les requĂȘtes de leur cher moi », les hommes pourraient ĂȘtre unis dans une communautĂ© dâamour et de justice mais ils ne seraient plus des hommes. Ils seraient des saints or la saintetĂ© ne procĂšde pas de la force humaine, elle est la force de Dieu dans celui qu'il a Ă©lu thĂšme de la grĂące divine. Câest dire quâextĂ©rieure Ă la communion des saints, la citĂ© des hommes est construite sur les diverses concupiscences que chacun peut dĂ©couvrir en soi, sâil veut bien sâefforcer dâĂȘtre lucide. Concupiscence des richesses. Concupiscence du pouvoir. Concupiscence des honneurs. La richesse, la domination, la gloire sont les valeurs de lâordre de lâextĂ©rioritĂ© ou de la chair auxquelles il faut ajouter les valeurs de lâordre de lâintĂ©rioritĂ© ou de lâesprit, relevant elles aussi dâune concupiscence que Pascal, Ă la suite de St Augustin, dĂ©finit comme orgueil et curiositĂ©. Celle-ci est au principe de la sagesse des philosophes mais cette sagesse est fort peu sage au regard de la sagesse quâest venu enseigner le Christ. En vĂ©ritĂ©, en vĂ©ritĂ© je vous le dis, personne ne peut entrer dans le royaume de Dieu sâil ne renaĂźt pas de lâeau et de lâEsprit saint. Ce qui est nĂ© de la chair, est chair ; et ce qui est nĂ© de lâEsprit est esprit. Ne vous Ă©tonnez pas de ce que je vous ai dit, quâil faut que vous naissiez encore une fois » Evangile de Jean 3. Il sâensuit que tout oppose le royaume de la charitĂ© et le royaume de la concupiscence. Lâun unit les hommes dans lâamour de bienveillance. Chaque moi cessant de se faire le centre de tout nâexiste que par et pour le tout. Le miracle de la communion des saints est celui dâun monde oĂč le moi ne se contenterait pas de limiter ses prĂ©tentions pour laisser une place aux prĂ©tentions des autres mois, mais se dĂ©poserait purement et simplement. Oubli de soi, dĂ©vouement aux autres, sacrifice de sa personne pour l'amour de Dieu. St augustin le dit magnifiquement dans le jeu dâoppositions quâil construit. Si la citĂ© de Dieu est bĂątie sur lâamour de Dieu jusquâau mĂ©pris de soi, lâautre lâest sur lâamour de soi jusquâau mĂ©pris de Dieu. Si lâune tire sa gloire de sa force et de sa domination dans le concert des nations, lâautre tire sa gloire de son absorption dans la perfection divine. Lâune est cohĂ©rĂ©e comme communautĂ© dâintĂ©rĂȘts, lâautre comme communautĂ© de foi. 2 Si lâordre politique procĂšde des inclinations de la nature humaine, on comprend que les autoritĂ©s instituĂ©es nâont de lĂ©gitimitĂ© quâautant quâelles assurent la satisfaction des intĂ©rĂȘts des membres du corps politique. Ces intĂ©rĂȘts sont la sĂ©curitĂ©, la prospĂ©ritĂ©, la reconnaissance comme satisfaction narcissique. La justice est le nom que les hommes donnent au systĂšme qui les comble sur tous ces points. Ainsi la monarchie, dont Montesquieu a montrĂ© quâelle reposait sur le principe de lâhonneur » a durĂ© aussi longtemps quâelle a Ă©tĂ© capable de satisfaire ces exigences. Il sâensuit que, quelle que soit la nature de lâordre Ă©tabli aristocratique ou dĂ©mocratique, les hommes sont liĂ©s par la force de leurs intĂ©rĂȘts. Pascal le rappelle au futur duc de Chevreuse en lui disant que tous les puissants socialement, ne le sont pas par lâĂ©tendue de leur territoire, mais par la possession des choses que la cupiditĂ© des hommes dĂ©sirent ». Tous sont des rois de concupiscence ». Pascal voit bien ici le ressort majeur de lâordre politique et il en tire une leçon de sagesse politique Ă lâendroit de son Ă©lĂšve. Sans rien mĂ©connaĂźtre de son Ă©galitĂ© morale avec ceux qui seront sous son autoritĂ©, celui-ci devra veiller Ă combler au mieux les besoins et les dĂ©sirs de ceux qui lui seront attachĂ©s par la puissance de ces mĂȘmes besoins et dĂ©sirs. [âŠ] en connaissant votre condition naturelle, usez des moyens quâelle vous donne; et ne prĂ©tendez pas rĂ©gner par une autre voie que par celle qui vous fait roi. Ce nâest point votre force et votre puissance naturelle qui vous assujettit toutes ces personnes. Ne prĂ©tendez donc point les dominer par la force, ni les traiter avec duretĂ©. Contentez leurs justes dĂ©sirs, soulagez leurs nĂ©cessitĂ©s, mettez votre plaisir Ă ĂȘtre bienfaisant, avancez-les autant que vous le pourrez, et vous agirez en vrai roi de concupiscence. » Pascal invite le Grand Ă ĂȘtre un serviteur de ceux quâil gouverne, Ă faire preuve dâhumilitĂ©, de gĂ©nĂ©rositĂ© et de diligence dans ses fonctions. Accomplir sa tĂąche du mieux quâil peut en Ă©vitant la brutalitĂ©, la violence, la mesquinerie. Cela Ă©tant, il fera peut-ĂȘtre le salut terrestre du peuple et le sien, il nâen sera pas pour autant moins damnĂ©. Car le salut = sauver son Ăąme, pour la sagesse christique, nâest pas dans les biens de la chair et dans ceux de lâesprit. Il est dans le mĂ©pris de la concupiscence. Certes il vaut mieux se damner en honnĂȘte homme » quâen misĂ©rable, mais enfin le mieux serait de travailler Ă son salut vĂ©ritable et cela passe par une conversion radicale. Mon royaume nâest pas de ce monde » disait le Christ. La sagesse en ce monde est un moindre mal, elle nâest pas le bien car Il faut mĂ©priser la concupiscence et son royaume, et aspirer Ă ce royaume de charitĂ© oĂč tous les sujets ne respirent que la charitĂ© et ne dĂ©sirent que les biens de la charitĂ©. Dâautres que moi vous en diront le chemin; il me suffit de vous avoir dĂ©tournĂ© de ces vies brutales oĂč je vois que plusieurs personnes de votre condition se laissent emporter faute de bien connaĂźtre lâĂ©tat vĂ©ritable de cette condition. » Pascal reste Ă©vasif sur le chemin du salut vĂ©ritable. Le philosophe doit sâeffacer ici et laisser la place au miracle de la foi. Car une conversion suppose toujours une expĂ©rience dĂ©cisive par laquelle sâopĂšre la transformation radicale dâun ĂȘtre. 3 Lâanalyse prĂ©cĂ©dente Ă©tablit donc quâil nây a pas de salut de lâhumanitĂ© par la politique. Il nây a de salut que par le don divin de la grĂące. La solution aux maux de lâhumanitĂ© nâest pas politique, elle est religieuse mais elle ne dĂ©pend pas de l'homme. Son salut n'est pas entre ses mains, il est dans celles de Dieu qui sauve ou qui damne. Il s'ensuit que la citĂ© de Dieu est une espĂ©rance pour lâau-delĂ , non pour lâici-bas. Partager Marqueursamour de dieu, amour de soi, angoisse, concupiscence, condition humaine, divertissement, droit naturel, droit positif, grĂące, grandeurs conventionnelles, grandeurs naturelles, hasard, imagination, justice, misĂšre existentielle, ordre de l'extĂ©rioritĂ©, ordre de l'intĂ©rioritĂ©, ordre de la supĂ©rioritĂ©, respect d'Ă©tablissement, respect naturel, salut
durée 000457 - Un été avec Pascal - par Antoine Compagnon - Dans le cadre de la philosophie naturelle, le moi est une réalité indubitable, dont nous avons le sentiment immédiat, mais cette réalité est incompréhensible. Chaque homme est une personne, mais cette personne est indéfinissable....Read Lessdurée 000457 - Un été avec Pascal - par Antoine Compagnon - Dans le cadre de la philosophie naturelle, le moi est une réalité indubitable, dont nous avons le sentiment immédiat, mais cette réalité est incompréhensible. Chaque homme est une personne, mais cette personne est indéfinissable....Read Less
Bonjour les amis, alors la plupart d'entre vous ne me connaissent pas, et jâaurais prĂ©fĂ©rĂ© que ça reste comme ça, je suis euhhh intello_ je suis sous un autre pseudo ça fait bout de temps que je ne suis pas venu poster, suite Ă quelques je reviens car il faut que je vous raconte quelque pfouuuu, quâest-ce que jâvais pouvoir vous dire ? Il y en a hein il y en a hein, donc on va partir du dĂ©but hein, En fait je suis retournĂ© vivre chez mes parents depuis un mois Ă peu prĂšs et il est arrivĂ© l'inimaginable Pascal le grand-frĂšre est venu chez moi. Je vous vois venir avec vos "fake" et tout et tout mais je vous certifie que c'est la pure vĂ©ritĂ© ! D'ailleurs En fait ce n'est pas pour moi que ma mĂšre l'a appelĂ© mais pour mon petit frĂšre. Il n'en fait vraiment qu'Ă sa tĂȘte, moi depuis que je suis rentrĂ©, je ne suis mĂȘme pas sorti de la maison je reste sur mon pc sans faire de mal Ă personne et lui il casse tout et il sort le soir et rentre tres suite Ă plusieurs menace, ma mĂšre a finalement franchit le pas et a rĂ©ellement appelĂ© Pascal, et le pire c'est qu'on a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ© !! Alors moi au dĂ©but je me dis "cool ça va peut ĂȘtre remettre le petit frĂšre sur le droit chemin..."Quelques jours plus tard, il arrive, il dit bonjour a tout le monde et tout... il va voir la chambre de mon frĂšre, la lui fait ranger pendant ce temps je suis dans ma chambre sur le pc Et la d'un coup j'entend frapper Ă la porte, j'ai Ă peine le temps d'enlever mon casque audio que pascal entre et me dit "c'est quoi ce foutoir ! ouvre tes volet ! toi aussi tu va devoir faire des efforts si tu veux aider ton frĂšre !" et bla bla bla! Et a la porte ma mĂšre attendait et me regardait avec un petit air de satisfaction alors qu'elle m'avait jamais rien reprochĂ© jusque lĂ !!! En plus je suis majeur, pour qui il se prend ! Donc je pose mon casque et la Pascal arrache les cĂąbles de l'ordi ! Je vous jure, j'ai cru que j'allais pĂ©ter un plomb ! Je vous assure vous savez il y a des gens qui connaissent mon passĂ©, j'Ă©tais prĂȘt a lui donner un crochet... jâme suis dit CĂ©lestin ne fais pas ça, ne fais pas ça, ne fais surtout pas ça, serre les dents, finis ton travail aide ton frĂšre Donc je me dis quand mĂȘme je vais faire ce qu'il me demande comme ça il me fera pas chier. Grave erreur A peine ai-je eu fini qu'il rapplique et me dit qu'on va aller Ă la piscine avec mon frĂšre. Bon sang j'ai pas envie d'aller Ă la piscine moi je sais pas nager ! J'ai un bras en moins accident de voiture quand j'Ă©tais un marmot et j'aime pas avoir contact avec l'eau autiste asperger ! je me lave que avec des lingettes c'est pas pour rien ! Enfin bref je les suit pour ne pas faire d' il m'a un peu laisser tranquille je me posais nĂ©anmoins une question sa mission a Ă©tĂ© un Ă©chec. En effet, au final mon frĂšre n'a pas changĂ© et pascal s'est barrĂ© mais a dit qu'il reviendrait. Je me demandais si il vont quand mĂȘme nous diffuser Ă la tĂ©lĂ© ? On a tous signĂ© l'autorisation de passer nos visages Ă la tĂ©lĂ© mais maintenant je regrette, je vais passer pour un bouffon. Alors est-ce que c'est possible qu'il ne diffuse pas l'Ă©mission du fait que mon frĂšre n'a pas progressĂ© ? Ou bien suis-je dĂ©finitivement foutu ?Merci d' rĂ©pĂšte ce n'est pas un fake ! Il relance son Ă©mission mĂȘme si il a dit que non sur sa chaĂźne youtube
Saint Luc nous dĂ©crit ta vie comme une longue marche vers JĂ©rusalem. Câest lĂ que tu termineras ta mission sur terre ; Câest de lĂ que tu retourneras au PĂšre, En entraĂźnant aprĂšs toi tout le peuple de Dieu. Moi aussi, je suis en route vers la nouvelle JĂ©rusalem, Le ciel nouveau, la terre nouvelle, oĂč la mort ne sera plus Ap 21, Vers cette maison paternelle oĂč tu nous prĂ©pares une place Jn 14,3. Mais est-ce que jây pense ? Est-ce lĂ le vrai but de ma vie ? Ou est-ce que je ne reste pas dans mes soucis terrestres seulement ? JĂ©sus passait par les villes et les villages en enseignant. Toi, Seigneur, tu es tout donnĂ© Ă la mission que le PĂšre tâa confiĂ©e. Tu retournes vers lui, mais en accomplissant le travail quâil te demande. Aux gens que tu rencontres, dans les villes et les villages que tu traverses, Tu annonces la Bonne Nouvelle. Tu dis Ă tous lâamour du PĂšre Et tu les invites Ă accueillir, Ă rĂ©pondre Ă cet amour⊠Et moi ? Est-ce que ma vie est un appel pour les autres, Une prĂ©dication vivante » pour leur indiquer la vraie route, Les amener vers toi, le seul chemin qui conduit au but de la vie ? Est-ce que je les aide Ă se poser les vraies questions ? Nây aura-t-il que peu de gens Ă ĂȘtre sauvĂ©s ? Tu ne rĂ©ponds pas Ă cette demande. Mais tu ramĂšnes tes auditeurs sur la question essentielle, La question qui nous concerne tous et de trĂšs prĂšs Efforcez-vous dâentrer par la porte Ă©troite ! Tu nous dis Ne perdez pas votre temps dans les discussions inutiles, Poursuivez votre marche. Le but est proposĂ© Ă tous, mais il faut que chacun fasse lâeffort de te suivre⊠Or, ce nâest pas sur lâautoroute de la facilitĂ© que tu nous emmĂšnes, Câest sur le rude sentier de lâamour⊠Câest par la porte Ă©troite de lâoubli de soi, du don de soi, quâil faut entrer. Aide-moi, Seigneur, Ă me dĂ©barrasser de tout ce qui mâencombre, De tout qui retarde ma marche Ă ta suite ! DĂ©barrasse-moi de moi
pascal qu est ce que le moi